Nicolas Sarkozy, ses priorités pour l'Europe
Un examen de passage
apparemment réussi pour notre Président pour cette première allocution
au Parlement de Strasbourg en tant que chef de l'UE.
Maniant
l'humour, multipliant les allusions à sa femme Carla Bruni, caressant
le Parlement - "berceau de la démocratie européenne" - dans le sens du
poil, jamais agressif même s'il a parfois été d'une ironie mordante
avec l'extrême-gauche et l'extrême-droite, notre Président a été
longuement applaudi.
Priorité des priorités pour M.
Sarkozy : il s'agit d'abord d'isoler le cas irlandais et, pour cela,
d'obtenir rapidement la ratification dans les pays qui ne l'ont pas
encore fait, notamment en Pologne ou en République tchèque, dont les
présidents eurosceptiques se font tirer l'oreille.
Il n'est pas
question pour notre Président de brandir la menace d'une Europe "à deux
vitesses". Pour lui, la "famille", comme il qualifie l'UE, c'est 27
tous ensemble et personne derrière.
Concernant toutefois le
Président polonais Lech Kaczynski qui refuse toujours de signer le
Traité de Lisbonne, Nicolas Sarkozy a eu des mots très fermes à son
encontre, estimant qu'il devait honorer sa parole car pour M. Sarkozy,
il ne s'agit pas d'une question de politique mais de morale.
Pour le reste, le président français a décliné ses priorités, qui sont également celles du Parlement européen.
A
savoir parvenir à un accord sur la réduction à l'horizon 2020 de 20%
des émissions polluantes de l'UE, voire 30% en cas d'accord
international, afin d'inciter les autres pays, Etats-Unis en tête, à
suivre l'exemple de l'UE en 2009.
Poursuivre aussi le pacte
européen sur l'immigration, qui est déjà quasiment acquis. Sur ce sujet
assez sensible, Nicolas Sarkozy a bien pris soin d'insister sur le
nécessaire équilibre entre la lutte contre l'immigration illégale et
l'intégration des immigrés légaux.
Qu'il n'y ait aucune équivoque possible.
Enfin,
troisième priorité pour le nouveau Président de l'Union : renforcer la
politique européenne de défense parallèlement à la réintégration par la
France du commandement de l'OTAN.
Il a également évoqué une
réforme possible de la PAC, la politique agricole commune, plus que
nécessaire dans un contexte mondial de crise alimentaire.
Le
sujet qui apparemment risquera de causer quelques frictions, notamment
avec l'Allemagne, c'est lorsqu'il a annoncé qu'il demandera l'ouverture
d'un débat sur la politique de taux d'intérêt de la BCE, la Banque
Centrale Européenne, une institution "sacro-sainte" outre-Rhin.
Mais
afin de taire toute polémique, Nicolas Sarkozy a rappelé aussitôt qu'il
ne s'agissait pas de remettre en cause l'indépendance de la Banque
Européenne mais savoir s'il est raisonnable qu'on porte les taux
d'intérêt à 4,25 (%) alors que, dans le même temps, la FED - Banque
Centrale Américaine - révise les siens à hauteur de 2%.
Pour
notre Président, baisser les taux d'intérêt de la BCE permettrait de
mieux combattre l'inflation sachant que celle-ci est "importée" en
raison du niveau élevé des cours du pétrole.