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22 septembre 2008

Amérique : le rêve de Martin Luther King s'est-il réalisé ?

FEMME_NOIRE_ET_FEMME_BLANCHEIl y a 45 ans de cela, le pasteur Martin Luther King prononçait son célèbre "I have a dream" en face du Capitole, à Washington, lors de la marche des droits civiques.

Aujourd'hui, à la veille des élections présidentielles qui, pour la première fois dans l'histoire de l'Amérique, verra un Noir postuler au poste suprême, la question du racisme est loin d'être réglée et ce, malgré des progrès dans la société.




Dans son discours, King évoquait une société où les Noirs ne seraient plus victimes de discriminations et vivraient harmonieusement avec les Blancs.

Il parlait d'une Amérique où les citoyens ne seraient pas jugés sur la couleur de leur peau.

"Je fais le rêve", disait-il, "Je fais le rêve qu'un jour cette nation se lève et vive la véritable signification de son credo: 'nous tenons ces vérités pour évidentes, que tous les hommes ont été créés égaux'", avait-il lancé sur les marches du Lincoln Memorial à Washington, le 28 août 1963.

A cette époque, il faut savoir que la ségrégation était légale: les parcs, toilettes, hôtels, cinémas, écoles et fontaines à eau réservés aux Blancs étaient monnaie courante. Les relations sexuelles "interraciales" étaient interdites par des textes de loi et les lynchages de Noirs étaient fréquents.

Les choses ont commencé à changer dans les années 60 avec l'adoption du Civil Rights Act, déclarant illégale la discrimination, et d'autres lois sur le droit de vote et le logement. En 1967, la Cour suprême interdit une loi en Virginie qui jusque là proscrivait les mariages entre Blancs et Noirs.

Aujourd'hui, 45 ans après, on pourrait dire que tout a changé ... et bien, non, du moins pas tout à fait ...

Bien sur, l'Amérique est entrée dans une ère "post-raciale" mais la question est encore loin d'être réglée. Pour preuve, les injures ouvertement racistes du commentateur radio Don Imus ou les sermons enflammés de l'ancien pasteur Jeremiah Wright ont provoqué dernièrement une vive émotion aux Etats-Unis, tant chez les Noirs que chez les Blancs.

En fait, tout a changé et rien n'a changé.

C'est le paradoxe dans lequel vivent les Américains aujourd'hui.

Il faut savoir que la plupart des Américains estiment que le racisme demeure un problème, mais ne se considèrent pas eux-mêmes comme racistes. Et pourtant, si l'on regarde les statistiques, les Noirs se disent souvent victimes de discriminations à l'emploi et au logement.

C'est en politique, cependant, que les choses ont le mieux changé et de manière remarquable.

Les Afro-Américains, qui représentent 13% de la population, sont plus nombreux à occuper des fonctions électives. A la Chambre des représentants du Congrès (435 sièges), ils étaient neuf en 1969, contre 43 aujourd'hui. Dans les années 60, on comptait aussi seulement 300 élus noirs locaux, contre 10.000 aujourd'hui, dont 300 maires. La participation des Noirs aux élections a en outre gagné du terrain.

Mais la politique américaine joue également sur les divisions raciales.

Depuis les années 60, le système bipartite américain a donné lieu à une ségrégation de facto, les Noirs votant essentiellement pour le camp démocrate. Pas un seul candidat démocrate n'a remporté la majorité du vote blanc depuis 1964, année où les républicains ont mis en place leur "stratégie sudiste", exploitant des questions raciales comme la discrimination positive pour polariser l'électorat.

Si les Noirs arrivent à gagner des circonscriptions où leur communauté est fortement implantée, reste qu'il est très inhabituel qu'un candidat noir qui se présente à un poste à l'échelon d'un des Etats du pays soit nommé ou élu.

La polarisation raciale est toujours là ...

Aujourd'hui encore, le revenu moyen des Noirs atteint seulement 61% de celui des Blancs, et les Afro-Américains ont presque deux fois plus de risques d'être au chômage et de ne pas avoir d'assurance-santé, selon les statistiques officielles.

Environ 25% vivent sous le seuil de pauvreté, un chiffre qui s'établit à "seulement" 9,3% pour les Blancs. Le taux de pauvreté des enfants noirs, bien qu'en baisse depuis 1963, reste deux fois et demi plus élevé que pour les Blancs.

Il y a encore du chemin à faire.

Voilà pourquoi, si le 4 novembre, Barack Obama est élu à la Maison Blanche, se serait un très grand tournant dans l'histoire américaine.

Espérons ...

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